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© 7.5. Vincent VAN GOGH (1853-1890)

Photo du rédacteur: Marie-Ange BusellatoMarie-Ange Busellato


1887 - Autoportrait




Vincent Van Gogh est devenu « la » figure mythique des origines de l'art moderne. Son destin tragique (sa vie fut marquée par la solitude et l'échec, sentimental et professionnel) a suscité d'innombrables commentaires qui ont souvent éclipsé l'œuvre proprement dite ainsi que le rôle qu'il a joué dans l'articulation entre l'impressionnisme et les développements expressionnistes qui lui on succédé au vingtième siècle.

D'autre part, on peut être frappé par la rapidité et surtout l'accélération fulgurante de son parcours : il ne commence réellement à dessiner qu'à l'âge de 27 ans après avoir travaillé dans le commerce de l'art et comme prédicateur ; il faut attendre son arrivée à Paris, à l'âge de 33 ans pour qu'il entre en contact avec la peinture moderne (l'impressionnisme et te néo-impressionnisme) ; à 35 ans, il arrive à Arles où son style devient vraiment « originai » et, moins de trois ans plus tard, il se suicide à Auvers-sur-Oise, à l'âge de 37 ans.


VAN GOGH AVANT LA PEINTURE


Né en 1853 à Groot-Zundert dans le Brabant hollandais, Vincent Van Gogh est l'aîné des six enfants d'un pasteur. Comme Gauguin, il vient tardivement à la peinture, ce qui explique le fait qu'il est un peu plus âgé que la plupart des artistes appartenant à la « génération post-impressionniste » (nés généralement autour de 1860).


En 1869, il commence à travailler dans le commerce de l'art, à La Haye, dans une des nombreuses succursales de la galerie Goupil de Paris auprès de laquelle il a été recommandé par son oncle. Dès cette époque, il commence à entretenir une correspondance régulière avec son frère Théo.

Bien noté, on lui confie la responsabilité de la nouvelle succursale de Londres.


Pourtant, après quelques mois, il quitte l'Angleterre à la suite dune violente déception amoureuse. Il collabore encore quelque temps avec la galerie, à Paris, tout en se désintéressant progressivement du métier qu'il abandonne définitivement en 1876.


Après avoir travaillé un peu en Angleterre comme « aide-prédicateur il prend la décision de devenir pasteur comme l'était son père. (il étudie dans un premier temps à Amsterdam puis dans une petite école à Laeken près de Bruxelles où ; après avoir suivi toute la formation, il se voit finalement refuser sa nomination. Il décide alors de « passer outre » et part s'installer sans mission officielle comme prédicateur dans le Borinage.


Entre 1878 et 1880, il séjourne près de Mons, à Pâturages, Wasnes et Cuesmes. Malgré ses efforts et l'enthousiasme dont il fait preuve au début, son aventure évangélique se solde par un échec.

A cette époque, son intérêt pour le dessin augmente au fur et à mesure que qu'il se décourage et se désinvestit de sa mission de prédicateur. Ses premiers dessins s'inspirent directement du « réalisme compatissant » de Jean-François Millet (qu'il admirera toute sa vie) et dont il copie notamment "le Semeur et l'Angélus"






LA PERIODE BELGO-HOLLANDAISE (1880 - 1886)


En 1880 — 1881, il séjourne à Bruxelles, puis chez ses parents à Etten aux Pays-Bas, où il connaît une nouvelle déception amoureuse. Il part ensuite pour la Haye dans l'intention d'apprendre la peinture auprès d'un oncle, le peintre Anton Mauve avec lequel il finit par se disputer. Il partage alors l'existence d'une prostituée, Sien, qui est le sujet de nombre de ses dessins de l'époque. Suite aux pressions familiales, il finira par se séparer de Sien et après un séjour dans la Dhrente (province du nord-est des Pays-Bas, dont le chef-lieu est Assen) il retourne habiter chez ses parents à Nuenen. Il y passe deux ans pendant lesquels il se consacre à la peinture. Il réalisera alors plus de deux cent toiles dans un style « robuste » aux tonalités sombres et « bitumeuses » qui caractérise sa période hollandaise.


Fin 1885, il s'inscrit à l'académie d'Anvers afin d'y acquérir certaines bases techniques qui lui manquent. Depuis plusieurs années ses seuls revenus sont constitués de l'argent que lui fait parvenir son frère Théo qui est à son tour devenu un employé de la galerie Goupil.


1884 - Les planteurs de pommes de terre



1885 - Les mangeurs de pommes de terre




VAN GOGH A PARIS (MARS 1886 - FEVRIER 1888)


En mars 1886, Van Gogh arrive à Paris et s'installe chez son frère Théo qui habite rue Lepic à Montmartre où il tient désormais une galerie présentant des jeunes artistes. Les premières peintures parisienne de Vincent sont des vues de Montmartre où la palette brunâtre de la période précédente domine encore.


Très vite, il va entrer en contact avec les principales personnalités du Post-impressionnisme. Il s'inscrit dans un premier temps dans l'atelier de Cormon (peintre académique spécialisé dans les sujets préhistoriques !) Il quitte rapidement cet atelier et rencontre Toulouse-Lautrec et Émile Bernard qui le mettra en contact avec Gauguin.

En 1886 toujours, il visite la dernière exposition impressionniste où Seurat présente la Grande Jatte. Son frère lui permet également de rencontrer d'autres artistes dont Camille Pissarro et son fils Lucien.


Au cours de l'année 1887, en quelques mois, Van Gogh va combler le retard qui le séparait des enjeux post-impressionnistes qui étaient alors ceux de la peinture à Paris. Il expérimente d'abord le pointillisme et, à travers lui, la problématique de la couleur qui lui permettra d'assimiler en profondeur l'Impressionnisme qu'il aborde ensuite en peignant sur les bords de la Seine au cours de l'été.

Finalement, son style prend une orientation plus personnelle sous l'influence de l'estampe japonaise (et probablement aussi à la suite de ses conversations avec Gauguin). Il abandonne progressivement la touche de couleur vibrante de l'Impressionnisme et adopte peu à peu une conception plus compacte et expressive de la couleur.


1887 - Vue du Parc d'Argenson



1887 - La courtisane

Japonaiseries : Vincent van Gogh utilisait ce terme pour exprimer l'influence de l'art japonais ainsi que les estampes.



1887- Père Tanguy

(le fond est une tapisserie japonaise)


(Julien François Tanguy, dit le père Tanguy, est un marchand de couleurs parisien. Sa boutique fut un lieu essentiel du développement de l'impressionnisme, le père Tanguy comptant parmi les premiers collectionneurs et marchands de tableaux des peintres impressionnistes.)



VAN GOGH EN ARLES (FEVRIER 1888 - MAI 1889)


En s'installant en Arles, Van Gogh recherche le soleil qui a inspiré les peintres japonais qui le passionnent.

Paul Gauguin le rejoint à la fin du mois de septembre. La collaboration entre les deux artistes commence dans un climat d'enthousiasme et par un travail acharné. Van Gogh entrevoit la réalisation de son rêve (la création d'un « phalanstère », c'est-à-dire d'une communauté d'artistes et Gauguin est plutôt flatté de l'admiration que lui voue Vincent.

Dès son arrivée, Gauguin prend les choses en main, aussi bien sur le plan pratique (l'organisation de leurs journées de travail, la gestion de leur maigre budget...), qu'esthétique. Il enjoint notamment Van Gogh d'abandonner les empâtements, ainsi que sa conception « simpliste » des contrastes de couleurs complémentaires. Sur le conseil de Gauguin, Van Gogh abandonne même, provisoirement la peinture sur le motif.


La relation entre Van Gogh et Gauguin va progressivement se dégrader, probablement à cause de la différence entre leurs tempéraments, aussi bien sur le plan psychologique que sur le plan artistique.

L' « expressionnisme passionné » de Van Gogh s'accommodait mal du

« décoratisme réfléchi » de Gauguin. Les choses n'ont fait qu'empirer sous l'emprise des absinthes quotidiennes de plus en plus nombreuses.

Finalement, le jour du réveillon de Noël, après une dernière dispute, Gauguin annonce à Van Gogh qu'il a décidé de s'en aller. Ce dernier voit ainsi s'effondrer le grand projet d'une vie au sein de laquelle se sont accumulés les échecs.

Dans une crise de folie, il se coupe le lobe de l'oreille et l'apporte, dans une enveloppe, à une fille de bordel, il rentre alors chez lui et finit par sombrer dans un coma dont il ne sortira que plusieurs jours plus tard.

Entre temps, Gauguin a fait prévenir Théo et est reparti pour Paris, laissant Vincent à son triste sort.

Après s'être lentement remis de sa crise à l'hôpital d'Arles, Van Gogh rentre seul dans ta « petite maison jaune » et se remet à peindre.

Il apprend alors que les habitants d'Arles sont en train de signer une pétition demandant son internement. D'autant plus découragé que son frère vient de se marier et qu'il se sent être une charge pour le couple, il écrit à Théo que la meilleure solution est de trouver un asile qui pourrait l'accueillir. En 1889, Van Gogh est interné à Saint-Rémy. Il a des pertes de conscience.


1888 - Vergers en fleurs

(on y retrouve l'impressionnisme de Pissarro)




Séjour à Arles

1888 - La Chambre de Van Gogh à Arles



1888 - Terrasse du café le soir



1890 - Champs de blé




Les souliers, 1888 - Huile s/toile - 46 x 55 cm- Musée Metropolitan - New York



SAINT-REMY (MAI 1889 - MAI 1890)


Pendant l'année que dure son séjour à l'asile de Saint-Rémy où il entre au début du mois de mai, Vincent a souffert à plusieurs reprises de terribles crises d'angoisse et/ou de délirium tremens, d'une durée d'environ quinze jours chacune, parfois plus, au cours desquelles il est dans l'incapacité de peindre et tente à plusieurs reprises de se suicider en mangeant de la peinture !


En dehors de ses périodes de crise, Van Gogh est calme et en pleine possession de ses moyens intellectuels. Il peint, et alors que sur le plan personnel, il est en train de toucher le fond, en ce qui concerne la peinture il atteint paradoxalement le sommet de sa maturité les six derniers mois passés à l'asile de Saint-Rémy et sont d'une richesse éblouissante.


A la maîtrise des contrastes de couleurs, l'influence de Gauguin avait ajouté le sens des nuances dans les déclinaisons de couleurs proches. De plus, à Saint-Rémy, il s'éloigne du japonisme, qui avait dominé la période de Arles, pour s'orienter vers une conception expressive de la forme. Il tire un parti particulièrement puissant de la ligne, qu'il s'agisse de la ligne de contour contorsionnée, convulsive et ondoyante ou de la ligne décorative dans les fonds où il revient à une touche impressionniste pour produire des effets de spirales, d'arabesques ou de volutes.


Cette expressivité graphique transmet à son sujet (paysage, portrait ou nature morte) une énergie qui vient de lui et qui exprime un sentiment de la nature parfois tourmenté, parfois d'une exaltation vertigineuse.

L'expression d'un monde intérieur projeté sur un sujet qu'il déforme fait de l'art de Van Gogh un des principaux signes annonciateurs de l'expressionnisme du XXème siècle.


Par l'intermédiaire de son frère qui se charge d'expédier les tableaux, il participe à plusieurs expositions. Il expose aux Indépendants en septembre 1889 et, à cette occasion, un premier article lui est consacré. Il est également invité par Octave Maus à exposer à Bruxelles au Salon des XX.

Il y présente notamment la Vigne rouge qui sera achetée par Anna Boch ; ce sera la seule véritable vente de sa carrière !)

Le manque de modèle et l'interdiction qui lui est faite de sortir au cours de certaines périodes le conduisent à reprendre d'anciens sujets ou à s'inspirer des gravures dont il dispose (Delacroix, Millet ou Doré.)


1889 - Portrait à l'oreille bandée




1889 - Les cyprès

(Le point devient ligne en mouvement (expressionnisme)



1889 La nuit étoilée

(Il est lui-même, n'a plus aucune influence, il peint dans la souffrance)





1889 - Le bon Samaritain (interprétation d'après Delacroix)





PARIS ET AUVERS-SUR-OISE (MAI 1890 - JUILLET 1890)


Après y avoir séjourné un an, Vincent Van Gogh décide de quitter l'asile où il s'ennuie et ne supporte plus d'être perpétuellement suivi par un gardien.

Théo (qui est désormais père d'un enfant prénommé Vincent !) ne peut plus l'accueillir chez lui et se met à la recherche d'un endroit où placer son frère, à la campagne, pas trop loin de Paris.

Pissarro l'adresse au docteur Gachet qu'il connaît depuis le début des années septante, époque où il allait peindre en compagnie de Cézanne à Auvers-sur-Oise.

Après avoir passé trois jours à Paris, Vincent arrive à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890. Il est pris en charge par le docteur Gachet et s'installe dans une chambre au dessus du petit café de Gustave Ravaux.

A Auvers, son style évolue encore, ses compositions ne présentent plus cette monumentalité, à la fois décorative et expressive, qui caractérisait celles de l'époque de Saint-Rémy.

Dans ses dernières peintures, règne un climat plus angoissé et oppressant Les « déformations » se font plus nerveuses et les compositions plus instables.

Les ciels, en particulier, deviennent lourds et chaotiques.

Le 27 juillet, il tente de se suicider à l'aide d'un revolver.

Blessé d'une balle logée dans la région du cœur, il rentre à l'auberge où il fait prévenir le docteur Gachet.

Le lendemain, on envoie quelqu'un chercher Théo à l'ouverture de sa galerie pour qu'il se rende au chevet de son frère.

Le soir, son état empire et il meurt à une heure du matin.

Dans sa veste on a retrouvé une lettre inachevée qui contenait sa fameuse phrase : « Mon travail moi j'y risque ma vie, et ma raison y a sombré à moitié ». Théo ne s'en remettra pas ; il tombe malade et mourra au début de l'année suivante.


1890 - Eglise d'Auvers sur Oise





1890 - Branches fleuries d'amandiers

(japonisme)





Tombe de Vincent Van Gogh à Auvers-sur-Oise














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